Scream Queens: la nouvelle série WTF (et ratée) de Ryan Murphy

Un pot-pourri amer…

Vous ne le connaissez peut-être pas de nom, mais vous avez forcément déjà vu une de ses œuvres sur petit écran, au moins une fois. Glee, la série musicale (et non pas chorale, ce qui veut encore dire autre chose) ? Merci Murphy. Nip/Tuck, qui ferait rougir Shonda Rhymes et son très sage Grey’s Anatomy ? Encore et toujours Ryan Murphy. Non content de revenir cet automne avec la cinquième saison d’American Horror Story, débarque en même temps sur les écrans ou presque son nouveau bébé dénommé « Scream Queens ». Une sorte de pot-pourri de tout ce que le scénariste/réalisateur a fait de mieux… Mais aussi et surtout de pire.

Le pitch ? Une série de meurtres s’abat sur la prestigieuse université Wallace. La « sororité » des Kappa, autrement dit la fraternité de pouffiasses du campus, semble en être les victimes privilégiées. Un rapprochement se fait rapidement avec un macabre accident arrivé vingt ans plus tôt, causant la disparition mystérieuse d’une des Kappa… Grace Gardener, nouvelle recrue prête à tout pour intégrer ce groupe aussi élitiste que crétin, décide alors, à l’aide de quelques marginaux, de partir sur les traces de l’assassin.screamqueens photo

Scream Queens fait partie de ces œuvres franchement hédonistes. Ryan Murphy se fait « un kiff » et ça se voit. Si le premier épisode peut faire sourire par son 36e degré et son vivier de références pop-culturel (Taylor Swift, Game of Thrones…), on se lasse très vite de la sempiternelle mécanique, déjà rouillée alors que seulement quatre épisodes ont été diffusés. La preuve étant les chutes d’audiences qui n’assurent guère pérennité au programme. Pourtant, le concept ne manquait pas de mauvaises idées. Contrairement à la récente série Scream, adaptée de la célèbre saga de slash-movies, Scream Queens affichait clairement son second degré et son registre ironique. Disons que si Scream avait le cul entre deux chaises (difficile de se moquer de l’intrigue foireuse de Pretty Little Liar quand on est pas apte de mieux faire), Scream Queens n’a pas hésité une seconde. Sang, trash et humour douteux sont les uniques ingrédients de cette potion au goût amer.screamqueens photo4

Comme toute festivité qui se respecte, l’ami Murphy a convié ses plus précieux alliés avec lesquels il a déjà travaillé. Comme Lea Michele alias Rachel de Glee, décidemment condamnée au rôle d’éternelle looseuse. Emma Roberts, vue dans American Horror Story, qui elle reste prisonnière de son rôle de bitch capricieuse de service tout droit sorti d’un mauvais remake du Bling-Ring de Coppola. Remarquez que dès qu’elle a les cheveux teints en brun, la miss joue les vierges effarouchées (Valentine’s Day). Dur dur, la polyvalence… Ajoutez à ceci une jolie pléthore de guests comme Ariana Grande, tellement ridicule qu’on aurait aimé la voir plus longtemps (cette dernière décède dès le pilot) ou encore Jamie Lee Curtis, toujours aussi désopilante. Il faut dire qu’elle fera l’effet d’une madeleine de Proust pour plus d’un(e) d’entre nous… Freaky Friday, toute MON enfance ! Elle incarne au final l’élément le plus juste du récit, les autres acteurs étant toujours dans une surenchère qui met franchement mal à l’aise.screamqueens photo3

Au fond, si la sauce ne prend pas avec Scream Queens, c’est à cause de tous ces fameux ingrédients. On a reproché bien des choses à Ryan Murphy à travers ses différentes séries. Le côté trash gratuit de Nip/Tuck, les clichés de mauvais goût de Glee, un comble quand cette dernière se prônait universelle et ouverte d’esprit… Alors forcément, quand le bougre, sûrement au détour d’une soirée pétards, décide de fusionner les deux concepts avec l’ambiance dark d’American Horror Story, on avait de quoi s’inquiéter. Le naufrage semblait inévitable, ou presque.

La faute au réalisateur ou au public ? Et bien un peu des deux. Car si le concept est atypique, d’autres séries ont déjà prouvé qu’on peut mêler trash et comique avec réussite car parcimonie. Les premiers opus de Scary Movie sur grand écran par exemple, South Park qui ne badine jamais avec la vulgarité, ou tout simplement Nip/Tuck, une des sources genèses du projet. Le format habituel des 42 minutes était-il la meilleure option ? Ou est-ce la faute au scénario, bien trop prévisible et bâclé ? La liste des hypothèses expliquant ce début d’échec est longue comme un bras tranché. Peut-elle éviter l’annulation avant la fin de sa première saison ? Seul le temps nous le dira, même si les chiffres laissent à croire que la sentence, à la manière des candidats de Koh-Lanta, est irrévocable.

Mélissa Chevreuil